COMPTE RENDU 1ère REUNION ATELIER "PEDAGOGIE"
Première réunion du groupe Pédagogie
Thème : les analyses.
Etaient présents à la réunion :
Carole Desbarats, Catherine Zins, Marie-Geneviève Ripeau, Alain Bergala
Vincent Leport, Marion Desseigne, Laurent Navarri, Vincent Tricon, Xavier Sirven, Héloïse Adam.
Nous sommes tombés d’accord sur trois points avec la direction des études :
- La nécessité d’organiser des analyses en deux temps distincts :
Un premier moment d’analyse interne, avec un seul intervenant, et qui nous permettrait d’entrer dans le détail des films (plan par plan). Il s’agira de revenir sur l’élaboration du film, sur les choix précis qui ont été faits concernant la lumière, la réalisation, le scénario, le traitement sonore etc, afin de mesurer leur pertinence par rapport aux intentions du réalisateur et de son équipe.
Un second moment d’analyse externe, avec un intervenant choisi par Alain Bergala, et qui nous permettrait de nous confronter à un avis extérieur, de replacer les films dans l’horizon plus large de la production cinématographique française. Là le film sera envisagé dans sa globalité, comme produit fini.
- La nécessité de compléter ces moments avec des analyses écrites de la part des intervenants et directeurs de département.
- La nécessité d’impliquer le département analyse, c'est-à-dire pour l’instant Alain Bergala, dans les analyses de nos films et dans le choix des intervenants. Afin qu’il y ait une véritable cohérence, une continuité, entre l’enseignement théorique dispensé à l’école (cours de Bergala, conférences … ) et les débats qui ont lieu autour de nos films.
Restent à préciser :
- Les modalités du suivi des directeurs de département sur les projets. S’ils ne sont plus présents aux analyses, il faut néanmoins que les élèves puissent avoir un retour de leur part. Sous quelle forme ? Rendez-vous individuels ? Rendus écrits ? Est-ce qu’on garde l’idée des « ateliers pratiques » organisés par un directeur autour d’un film ? >> obtenir une réponse de Carole sur ce point.
- Le statut de l’intervenant pour le premier moment, « interne », de l’analyse : Qui serait le plus à même de nous faire réfléchir en détail sur l’élaboration de nos films ? un cinéaste ? pour l’instant, Carole parle de « médiateur-cinéaste-pédagogue » : il faudrait arriver à une détermination plus précise de la personne dont on parle ici.
- Préciser la nature des textes produits sur les films, aussi bien ceux produits par Bergala, par les directeurs de département et par les élèves : quels textes pour quelle diffusion ?
Programme pour la prochaine séance :
- La place des directeurs de département dans le moment d’analyse.
- Les autres analyses : analyses de scénario, analyses des autres films que ceux des réalisateurs, analyses des exercices…
- Le « ciné-fémis »
- La question de l’archivage et de la consultation des films, des scénarios, des textes critiques. Certaines rencontres donnent lieu à des captations : qu’en est-il de leur archivage et mise à disposition ? >> idée d’une « mémoire critique » de l’école.
Pour la séance du
22 avec Alain Bergala:
- L’articulation des moments d’analyses avec les conférences, cours et rencontres. Comment l’enseignement « théorique » peut devenir un outil pour la conception de nos films et instaurer une distance critique avec la « forme » même des exercices (documentaire, plan séquence, etc…)
- Quel intervenant pour l’analyse « interne » ?
Annexe
« Minutes »
de la réunion :
Nous partons du constat que les analyses telles
qu’elles fonctionnent actuellement ne constituent pas un temps profitable et ne permettent pas une réelle réflexion sur notre travail. En un mot,
elles ne sont pas un moment d’apprentissage.
Pendant ces analyses, nous sommes confrontés à des avis de spectateurs et à aucun moment
nous ne revenons sur le travail effectué, sur l’élaboration du film.
Il découle de cela que la seule personne à laquelle
l’analyse s’adresse est le réalisateur.
L’équipe technique n’a rien à en attendre.
Xavier à Carole : Qu’est-ce que c’est une
analyse pour vous ? Qu’attend
l’école des analyses ?
Carole : « Beaucoup de choses ». Le film est
présenté comme quelque chose de fini, et c’est comme ça qu’il doit être assumé,
mais par toute l’équipe. L’analyse
doit s’adresser à l’équipe en entier, même si c’est le réalisateur qui porte le
projet.
Le plus important pour Carole, et qui n’est pas
encore assez le cas, c’est de parler du sens
des films. De ce qu’ils disent, afin que nous nous sentions responsables de
ce que nous filmons.
Il faut demander aux élèves de s’expliquer sur les
films. Et pour ça, il faut aller dans le détail des films et des intentions,
afin de mesurer l’écart entre le
projet et ce qui a été réalisé.
C’est bien ça qui est à l’œuvre dans le dispositif d’analyse de l’exercice « 3
minutes ». L’intervenant me fait revenir sur le film et
m’interroger : qu’est-ce que ça produit ? est-ce que c’est bien ça
que je voulais ?
Or pour l’instant, il y a trop de monde en analyse
pour que ce débat ait lieu.
Exemple des projections en cours de montage des
documentaires : Personne n’en a rien retiré.
Plus généralement, c’est intéressant d’avoir l’avis
d’un directeur de département, mais pas de tous à la fois.
Catherine confirme qu’elle préfère intervenir dans l’intimité
de la salle de montage plutôt que pendant la grand messe des analyses.
Carole évoque les analyses de Fiction 16 proposées par
Charlie il y a quelques années : des commentaires plan par plan.
Il s’agit donc de faire naître une discussion qui
nous permette d’aboutir nous-mêmes à
des conclusions sur nos films. Plutôt que de nous larguer un avis de l’extérieur.
Carole : Ce serait un moment « maïeutique ». Mais il ne faut pas évacuer la possibilité
d’avoir un avis de « spectateur », qui considère le film de
l’extérieur, comme un produit fini.
C’est pour cette raison que deux temps d’analyse sont nécessaires. Avec en outre des retours
écrits sur les films et la constitution d’un journal qui publierait des textes
critiques.
Question de Carole : Est-ce que vous êtes prêts à
entendre des critiques négatives ?
Réponse des élèves : Oui. Pour l’instant nous
sommes trop protégés. Il faut pouvoir dire et entendre : « ça,
non », à propos de nos films.
Bilan : On ne nous donne pas
les outils pour apprendre de nos films, pour en tirer des leçons et progresser.
Par contre on nous « protège » abusivement des avis extérieurs.
>> comme si le mot d’ordre de l’école
était : ne surtout pas être constructif, mais ne pas décourager en étant
destructeur.
Or il faut ces deux
moments :
· Le premier d’analyse-apprentissage,
où chacun puisse comprendre où il a réussi ce qu’il voulait, et où il n’a pas
réussi, et pourquoi.
· Le second d’analyse critique,
où le film est abordé comme n’importe quel film fini et diffusé, dont une
équipe a à répondre et qui peut susciter des avis forts, qu’ils soient positifs
ou négatifs.
Quelle personne faire venir pour le premier
moment ? un professionnel qui ait à la fois une pratique et des qualités
de pédagogue. Quelqu'un comme Jean-Luc Daniel ou Guy Mousset.
Tout le monde est d’accord sur l’importance d’avoir
en outre des retours écrits sur les films. Cela implique, signale Bergala, que
les élèves eux-mêmes écrivent sur leurs films.
Un autre problème est celui de l’absence d’une pensée globale de l’analyse à
l’école, et de la non implication du département analyse dans les analyses des
films d’élèves.
>> il faut faire intervenir Alain Bergala dans ces moments d’analyses.
Alain Bergala signale que jusqu’ici il n’avait pas
la main sur ces moments, mais qu’il serait prêt à s’y investir. Ce serait le
moyen de faire un pont entre ses cours
et nos films : on ne doit pas considérer les cours d’Alain comme des
cours « à part » où sont abordés des points d’histoire du cinéma qui
ne nous concernent pas directement. L’histoire du cinéma, la réflexion sur le
style, doivent nous aider à penser nos propres films. Il ne s’agit pas d’un
savoir mort, mais bien d’outils pour nous. Il ne doit pas y avoir de solution
de continuité entre l’analyse de films que nous faisons avec lui et l’analyse
de nos films.
Bergala poursuit : une analyse constructive est à la fois interne et externe.
Interne : comment le film
fonctionne. Ce qui marche ou non. Ce que j’ai voulu dire et ce que je dis.
Externe : comment le film
s’inscrit dans le paysage cinématographique français. Remise en contexte du
film, par rapport à un horizon plus large, et qui dépasse les simples
intentions du réalisateur.
>> ça recoupe l’idée d’une analyse en deux
moments.
Le deuxième moment ferait intervenir des personnes
choisies par Bergala en fonction de l’exercice, et qui pourraient être des
critiques, des universitaires, des cinéastes, des producteurs.
Carole refuse que les directeurs de département
soient laissés complètement en dehors de l’analyse. Il faut un moment d’
« évaluation », c’est
aussi ça le rôle des analyses.
>> quelle forme cela doit-il prendre ?
Nous proposons des rendez-vous ouverts à tous, où un directeur de département
choisirait un film pour en parler selon un angle d’attaque précis. Par exemple,
Laforce qui choisirait de parler du mixage de tel film. Quitte à ce que cette
analyse devienne une sorte d’atelier
pratique où le directeur de département nous permette d’explorer d’autres
possibilités que celles qui ont été choisies …
Carole : ça ne dispense pas d’un suivi de
chaque directeur avec chacun de ses élèves.