CR OUVERTURE IV : egalité des chances
Thème : « Egalité des chances »
Etaient présents : Jean-Marc Vernier, Pascale Borenstein,
Julie Tingaud, Flore Guillet, Agnès Szabo, Gurvan Hue, Vincent Tricon.
1. Historique
Suite à
la mise en place à Sciences Po Paris d’un système de discrimination positive
via l’instauration de quotas favorisant l’intégration d’élèves venus des ZEP
dans cette école, la direction a commencé la réflexion sur l’égalité des
chances pour l’accès à La fémis. L’objectif était d’améliorer la « diversité » sociale des étudiants, de
déshiniber ceux qui pensaient, du fait de leur milieu, ne pas pouvoir passer le
concours, de mieux faire comprendre ce qu’était l’école. Cette réflexion se
basait sur plusieurs constats :
- Si la proportion d’élèves boursiers était de 30%, ce qui
impliquait une disparité sociale plus importante que dans d’autres écoles, la
diversité des origines sociales des élèves devait être améliorée
- L’école est perçue comme élitiste, ce qui décourage des
étudiants à s’inscrire au concours d’entrée. Il paraissait alors nécessaire de
changer cette perception de l’école pour encourager des étudiants qui pensait
ne pas pouvoir passer et réussir le concours du fait de leur milieu
d’appartenance sociale
La fémis met alors en place
un programme égalité des chances, qui a pour objectif d’informer des lycéens en
ZEP sur ce qu’est La fémis, ainsi qu’un atelier de sensibilisation au cinéma,
pendant l’été, ouvert à des étudiants ayant leur Bac, soit venant de ZEP, soit
étant boursiers (l’année dernière, dans la mesure où peu d’élèves venant de ZEP
y ont participé, il a été décidé d’ouvrir cet atelier aux étudiants boursiers).
Cet atelier est ouvert à 16 personnes, accessible par dossier et
entretien. Elles sont sélectionnées par un jury de 4 personnes.
Ce programme est en partie
financé par la Fondation Culture et Diversité, qui soutient les projets
permettant de « favoriser l’accès des milieux défavorisés à des
Ecoles d’Art ».
2. Propositions des étudiants
a. constat
Les représentants des élèves
partent du constat qu’il n’y a pas de mixité sociale effective au sein de
l’école, ce qui leur semble, à terme, entraîner des conséquences néfastes sur
la diversité culturelle et artistique dans le paysage audiovisuel. Ils pensent
aussi que le programme égalité des chances n’aura de répercussions réelles que
sur le long terme, et qu’il faut envisager des solutions plus radicales pour
affronter cet état de fait. Ils pensent aussi que le manque de mixité
s’explique par une insuffisance de moyens matériels (financiers, logements,
etc) permettant à des élèves venus de « milieux défavorisés »
d’envisager 4 ans d’études à Paris, sans avoir beaucoup de temps pour
travailler et de subvenir à ses besoins.
Le concours d’entrée, tel
qu’il existe actuellement, semble aussi un facteur qui limite la disparité
sociale des étudiants, parce que trop basé sur l’écrit, sur des codes et un
capital culturel sociologiquement inégalitaire. Cette importance de l’écrit ne
leur semble pas justifiée car ce mode d’expression / structuration d’une pensée
n’est, à l’exception des scénaristes, majoritairement pas utilisé dans les
travaux à l’école, et pas un médium pédagogiquement évalué (pas de
dissertations, de dossiers, de bilans pour l’évaluation).
b. propositions
Les représentants des élèves
ont défendu :
- la
création d’un nombre de logements universitaires à Paris disponibles pour des
étudiants de La fémis disposant de revenus financiers modestes
- un
plus grand nombre de partenariat avec des fondations soutenant financièrement
des étudiants
- la
gratuité du concours sur critères sociaux
- un
système de quotas, avec la création d’un concours « égalité des
chances », comme il existe un concours international
- dans
le cadre du concours actuel, revoir l’importance de l’écrit à la baisse
Ces propositions leur
semblent des conditions pour mettre en place une mixité sociale effective.
3. Propositions retenues
Les trois premières
propositions ont été acceptées.
Il a aussi été proposé, de la
part de la direction, d’améliorer les échanges entre les étudiants de La fémis
et les étudiants participant à l’atelier égalité des chances :
- des
élèves de La fémis pourraient parrainer les participants à l’atelier. Ces
derniers ont, l’année passée, regretté de na pas avoir rencontré les étudiants
de l’école. Les parrainer pourrait aussi permettre de les aider à se préparer
et à passer le concours
- des
élèves de La fémis pourraient participer à l’atelier, toujours dans cet
objectif de rencontre
- les
étudiants de l’atelier égalité des chances pourraient être invités à participer
aux tournages des TFE ou autres films de l’écoles
4. Points de désaccord
Sur les deux derniers points,
les représentans des élèves et de la direction ne partagent pas les même
analyses :
- La création d’un système de
quotas, avec un concours égalité des chances, remet en cause le principe
républicain et égalitaire qui sous tend le concours actuel. Si le concours
international existe, c’est qu’il y a eu une volonté politique nationale de
favoriser l’accès des étudiants étrangers aux écoles supérieures nationales, en
créant des modalités particulières d’accès aux écoles françaises. Le système de
quotas existe dans d’autres écoles car statistiquement, il n’y avait pas ou
très peu de mixité sociale, à Sciences Po par exemple. La diversité sociale à
l’école existe, et instaurer un système de discrimination positive ne semble
pas justifié, d’autant qu’il n’est pas perçu comme une solution qui répondrait
aux problèmes que pose l’accessibilité à l’école avec un BAC + 2. Le fait que le concours soit accessible à
des étudiants ayant un BAC + 2 (ou 4 ans d’activité professionnelle post-bac)
est un facteur qui aurait pour conséquence indirecte de limiter la disparité
sociale des étudiants : assumer 6 ans d’études n’est pas financièrement
donné à tous. D’où la nécessité de la part de l’école d’aider les étudiants en
difficulté. De plus, instaurer un système à quotas est une décision politique forte qui ne peut être décidée sans la tutelle.
- Revoir à la baisse la place
de l’écrit n’est pas un point de consensus. Le pré requis de maîtriser un
minimum l’écrit pour structurer sa pensée est jugé important. La place de l’écrit
dans le concours n’est pas perçu comme un facteur qui découragerait des
étudiants à s’inscrire et à passer le concours. De plus, la maîtrise de la
syntaxe et la qualité orthographique ne sont pas définis comme des critères d’évaluation des
copies.
5. Bilan
A été constaté un manque de
données statistiques sur lesquelles s’appuyer pour arriver à des analyses
reposant sur des bases plus objectives (seules sont connues les statistiques de
ceux réussissant le concours, pas sur ceux qui échouent). De plus, certaines
propositions n’ayant pas été votées en Assemblée Générale, elles ne sont pas
reçues comme émanant d’un consensus fort des élèves.
Bien que certaines
propositions aient été acceptées des deux parties, il semble primordial pour
les représentants des élèves d’organiser une réunion publique entre les élèves
et la direction pour discuter ensemble de ce programme égalité des chances, et
de voir si l’instauration de quotas peut être envisagé.