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Etats Généreux de la Femis
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29 avril 2009

CR OUVERTURE IV : egalité des chances

Compte rendu de l’atelier OUVERTURE du Jeudi 23 mars

Thème : « Egalité des chances »

Etaient présents : Jean-Marc Vernier, Pascale Borenstein, Julie Tingaud, Flore Guillet, Agnès Szabo, Gurvan Hue, Vincent Tricon.

1. Historique

Suite à la mise en place à Sciences Po Paris d’un système de discrimination positive via l’instauration de quotas favorisant l’intégration d’élèves venus des ZEP dans cette école, la direction a commencé la réflexion sur l’égalité des chances pour l’accès à La fémis. L’objectif était d’améliorer la « diversité » sociale des étudiants, de déshiniber ceux qui pensaient, du fait de leur milieu, ne pas pouvoir passer le concours, de mieux faire comprendre ce qu’était l’école. Cette réflexion se basait sur plusieurs constats :

- Si la proportion d’élèves boursiers était de 30%, ce qui impliquait une disparité sociale plus importante que dans d’autres écoles, la diversité des origines sociales des élèves devait être améliorée

- L’école est perçue comme élitiste, ce qui décourage des étudiants à s’inscrire au concours d’entrée. Il paraissait alors nécessaire de changer cette perception de l’école pour encourager des étudiants qui pensait ne pas pouvoir passer et réussir le concours du fait de leur milieu d’appartenance sociale

La fémis met alors en place un programme égalité des chances, qui a pour objectif d’informer des lycéens en ZEP sur ce qu’est La fémis, ainsi qu’un atelier de sensibilisation au cinéma, pendant l’été, ouvert à des étudiants ayant leur Bac, soit venant de ZEP, soit étant boursiers (l’année dernière, dans la mesure où peu d’élèves venant de ZEP y ont participé, il a été décidé d’ouvrir cet atelier aux étudiants boursiers). Cet atelier est ouvert à 16 personnes, accessible par dossier et entretien. Elles sont sélectionnées par un jury de 4 personnes.

Ce programme est en partie financé par la Fondation Culture et Diversité, qui soutient les projets permettant de « favoriser l’accès des milieux défavorisés à des Ecoles d’Art ».

2. Propositions des étudiants

a. constat

Les représentants des élèves partent du constat qu’il n’y a pas de mixité sociale effective au sein de l’école, ce qui leur semble, à terme, entraîner des conséquences néfastes sur la diversité culturelle et artistique dans le paysage audiovisuel. Ils pensent aussi que le programme égalité des chances n’aura de répercussions réelles que sur le long terme, et qu’il faut envisager des solutions plus radicales pour affronter cet état de fait. Ils pensent aussi que le manque de mixité s’explique par une insuffisance de moyens matériels (financiers, logements, etc) permettant à des élèves venus de « milieux défavorisés » d’envisager 4 ans d’études à Paris, sans avoir beaucoup de temps pour travailler et de subvenir à ses besoins.

Le concours d’entrée, tel qu’il existe actuellement, semble aussi un facteur qui limite la disparité sociale des étudiants, parce que trop basé sur l’écrit, sur des codes et un capital culturel sociologiquement inégalitaire. Cette importance de l’écrit ne leur semble pas justifiée car ce mode d’expression / structuration d’une pensée n’est, à l’exception des scénaristes, majoritairement pas utilisé dans les travaux à l’école, et pas un médium pédagogiquement évalué (pas de dissertations, de dossiers, de bilans pour l’évaluation). 

b. propositions

Les représentants des élèves ont défendu :

- la création d’un nombre de logements universitaires à Paris disponibles pour des étudiants de La fémis disposant de revenus financiers modestes

- un plus grand nombre de partenariat avec des fondations soutenant financièrement des étudiants

- la gratuité du concours sur critères sociaux

- un système de quotas, avec la création d’un concours « égalité des chances », comme il existe un concours international

- dans le cadre du concours actuel, revoir l’importance de l’écrit à la baisse

Ces propositions leur semblent des conditions pour mettre en place une mixité sociale effective.

3. Propositions retenues

Les trois premières propositions ont été acceptées.

Il a aussi été proposé, de la part de la direction, d’améliorer les échanges entre les étudiants de La fémis et les étudiants participant à l’atelier égalité des chances :

- des élèves de La fémis pourraient parrainer les participants à l’atelier. Ces derniers ont, l’année passée, regretté de na pas avoir rencontré les étudiants de l’école. Les parrainer pourrait aussi permettre de les aider à se préparer et à passer le concours

- des élèves de La fémis pourraient participer à l’atelier, toujours dans cet objectif de rencontre

- les étudiants de l’atelier égalité des chances pourraient être invités à participer aux tournages des TFE ou autres films de l’écoles

4. Points de désaccord

Sur les deux derniers points, les représentans des élèves et de la direction ne partagent pas les même analyses :

- La création d’un système de quotas, avec un concours égalité des chances, remet en cause le principe républicain et égalitaire qui sous tend le concours actuel. Si le concours international existe, c’est qu’il y a eu une volonté politique nationale de favoriser l’accès des étudiants étrangers aux écoles supérieures nationales, en créant des modalités particulières d’accès aux écoles françaises. Le système de quotas existe dans d’autres écoles car statistiquement, il n’y avait pas ou très peu de mixité sociale, à Sciences Po par exemple. La diversité sociale à l’école existe, et instaurer un système de discrimination positive ne semble pas justifié, d’autant qu’il n’est pas perçu comme une solution qui répondrait aux problèmes que pose l’accessibilité à l’école avec un BAC + 2. Le fait que le concours soit accessible à des étudiants ayant un BAC + 2 (ou 4 ans d’activité professionnelle post-bac) est un facteur qui aurait pour conséquence indirecte de limiter la disparité sociale des étudiants : assumer 6 ans d’études n’est pas financièrement donné à tous. D’où la nécessité de la part de l’école d’aider les étudiants en difficulté. De plus, instaurer un système à quotas est une décision politique forte qui ne peut être décidée sans la tutelle.

- Revoir à la baisse la place de l’écrit n’est pas un point de consensus. Le pré requis de maîtriser un minimum l’écrit pour structurer sa pensée est jugé important. La place de l’écrit dans le concours n’est pas perçu comme un facteur qui découragerait des étudiants à s’inscrire et à passer le concours. De plus, la maîtrise de la syntaxe et la qualité orthographique ne sont pas définis comme des critères d’évaluation des copies.

5. Bilan

A été constaté un manque de données statistiques sur lesquelles s’appuyer pour arriver à des analyses reposant sur des bases plus objectives (seules sont connues les statistiques de ceux réussissant le concours, pas sur ceux qui échouent). De plus, certaines propositions n’ayant pas été votées en Assemblée Générale, elles ne sont pas reçues comme émanant d’un consensus fort des élèves.

Bien que certaines propositions aient été acceptées des deux parties, il semble primordial pour les représentants des élèves d’organiser une réunion publique entre les élèves et la direction pour discuter ensemble de ce programme égalité des chances, et de voir si l’instauration de quotas peut être envisagé.

 

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Commentaires
A
L'idée d'instaurer un quota "égalité des chances" est vraiment une belle connerie. Cette idée s'inscrit dans le très néfaste mouvement général de déresponsabilisation de notre société. Quand on a 18/20 ans, si on veut faire du cinéma, on s'instruit! avec des DVD si les salles de cinéma sont inaccessibles, avec la télévision (combien d'étudiants ont été formés par le ciné-club d'A2 ou le cinémat de minuit de FR3). On lit des bouquins, et on dit "je veux faire la fémis", comme tout le monde!<br /> Par contre l'idée de la gratuité du concours sur critères sociaux et celle de faciliter le logement en maisons d'étudiants me semblent la moindre des choses.
A
bonjour!<br /> Diminuer la place de l'écrit au concours serait, à mon sens, une grave erreur. Pour avoir de nombreuses fois corrigé les épreuves d'analyse de film, je confirme que l'orthographe ni la syntaxe n'entrent en ligne de compte dans le jugement. J'ajoute même que de nombreux poncifs théoriques appris à la fac ou en prépa gênent souvent l'expression personnelle. Le niveau général d'écriture étant déjà très faible, il serait catastrophique de croire que l'on devrait passer par-dessus l'écrit (ou par en-dessous!). La formulation écrite de la pensée est nécessaire à la formation de soi-même. <br /> L'épreuve écrite de scénario répond aux mêmes critères: ce n'est pas le niveau d'études qu'on juge, mais bien la capacité à inventer, organiser une histoire, des scènes... N'est-ce pas la moindre des choses dans une école de cinéma?
L
Bonjour,<br /> <br /> Tout d'abord bravo à tous pour votre engagement pour la réforme de cette école, qui me semblait (vu de l'extérieur), absolument nécessaire.<br /> Je passe actuellement le concours de la Femis en section réalisation, et je voulais réagir par rapport à la place de l'écrit dans le concours.<br /> Personnellement, l'envie de faire du cinéma m'est venue peu à peu, à force de travailler sur des projets artistiques (des arts-plastiques aux tournages en passant par le théâtre). Je me suis formé d'une part dans des écoles d'art (c'est-à-dire en me confrontant à la matière) et d'autre part sur le terrain (sur des projets, sur des plateaux...)<br /> Mon bagage est donc empirique, visuel, sonore et poétique mais, malgré le fait d'avoir assisté à plusieurs cours de fac en candidat libre, pas théorique et littéraire.<br /> Je suis intéressé par la Femis pour son esprit, ses moyens, aussi les possibilités qu'elle ouvre dans les travaux communs, mais je me sens très désavantagé dans le concours vis à vis des candidats venant des universités ou des lettres car, par exemple, dans le première étape l'analyse écrite est au même coefficient que le dossier d'enquête (et je rappelle que 9/10 des candidats en réa sont éliminés au premier tour).<br /> Je lis parfois dans les comptes-rendus du concours que le jury s'étonne que certains candidats assez conventionnels ont franchi les premières étapes du concours. Ils veulent plus de candidats "créatifs", "inventifs"... Je crois que la réponse est à trouver dans les étapes du concours.<br /> Je trouve ce concours très intéressant mais il me semble qu'il laisse peu de chances aux candidats venant de disciplines plus pratiques (dessin, danse, clown, jeu,...) que théoriques.<br /> J'insiste sur ce point car il me semble que ce sont les nouveaux arrivants qui continueront à faire bouger ou non cette école. Et que pour s'ouvrir à la diversité des profils, il faut peut être aussi modifier certaines règles installées et qui méritent réellement d'être remises en question.<br /> <br /> A bon entendeur,<br /> <br /> Joel C.
Etats Généreux de la Femis
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